L’autel funéraire gallo-romain
Une découverte fortuite
Cet autel funéraire gallo-romain a été authentifié en 2014 par Dominique Darde, du musée archéologique de Nîmes et Michel Christol, expert en épigraphie antique.
C’est en avril 2014 que le bloc de pierre gravé avait été repéré par des passionnés d’histoire locale. Le monolithe se trouvait en bordure du chemin de la Monnaie, l’antique Via Domitia qui marque la limite entre les communes de Codognan et Vergèze.
Le propriétaire l’avait placé devant son domicile comme décor, après l’avoir récupéré, trente ans auparavant, dans la décharge municipale de Codognan où il avait sans doute été abandonné suite à une démolition.
En juin 2014 le propriétaire l’a remis à l’association Carrefour Culturel Codognanais qui l’a ensuite confié à la mairie où il se trouve exposé depuis 2021.
Un ancien esclave devenu notable
L’autel, taillé dans un calcaire de bonne qualité, a été amputé de son couronnement et présente une cassure en biais de la partie gauche.
Le texte, qui a pu être reconstitué par M. Christol, nous apprend que l’autel, daté du 2e siècle, avait été réalisé du vivant d’un ancien esclave ayant obtenu le statut social relativement élevé de Sévir Augustal.
Cet affranchi associait son nom à celui de son épouse et confiait leur voyage dans l’au-delà aux dieux Mânes, les dieux des morts.
L’analyse du triple nom latin de l’époux (tria nomina) et de celui de son épouse incite les spécialistes à leur attribuer une origine indigène gauloise et l’appartenance, en tant qu’ancien personnel servile, au groupe familial des Karatii, déjà connu dans la cité romaine de Nîmes.
La reconstitution des lettres manquantes et des abréviations donne, après traduction, le texte suivant :
Aux dieux Mânes,
le sévir augustal Sextus Karatius Zosimus
et Karatia Eutychia, la plus pieuse des épouses,
ont établi cet autel de leur vivant.
Ce monolithe n’était pas un tombeau mais un monument commémoratif ayant pour but de rappeler aux voyageurs parcourant les voies romaines le souvenir de personnes décédées. En effet, les monuments funéraires étaient implantés le long des routes, à proximité des villes et des lieux habités.
Les aléas de l’histoire et les réutilisations des matériaux de construction ont sans doute permis à cet autel funéraire de revenir sur le bord de la Via Domitia, tout près de l’endroit où il avait dû être implanté…19 siècles plus tôt.