La cloche de l’ancienne église de la Place
Un fondeur de cloches bien connu
Fondue et installée en 1663 sur l’ancienne église paroissiale Saint André de Codognan, cette cloche reste l’unique élément matériel attesté de ce lieu de culte disparu qui se trouvait sur l’actuelle place de la République (10 mètres face à la rue du Café).
Sur le bandeau cerclant le haut de la cloche on peut lire les mots latins SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM (Que le nom du seigneur soit béni) et l’année 1663.
Plus bas, une croix posée sur un socle est encadrée par les lettres G et D ; les initiales de Germain Daignac, ou Dainhac, maitre fondeur nîmois bien connu en Languedoc.
Sa famille était originaire d’Aubais où une maison porte en- core, au dessus de l’entrée, les lettres DAINHAC et la date, 1595, formées de métal fondu coulé dans la pierre.
Une naissance tourmentée
Depuis les guerres de Religion du 16e siècle, la plupart des églises de la région étaient en ruines. En 1650, celle de Codognan n’était qu’un amas de pierres.
C’est alors qu’un des rares habitants catholiques du village, Pierre Codur, originaire de Provence, entreprit de reconstruire une toute petite église (24 m2) sur l’emplacement de l’ancienne. Mais ce modeste bâtiment était dépourvu de mobilier et d’ornements.
L’évêque de Nîmes, venu la visiter en 1659 ordonna aux chanoines d’Aigues-Mortes de fournir une cloche, laquelle fut réalisée et mise en place en 1663.
Les chanoines exigèrent cependant que tous les habitants de Codognan participent à la dépense.
Les représentants de la communauté protestante ayant refusé de payer pour une cloche catholique, un procès s’ensuivit et imposa à chacune des deux parties de régler la moitié du prix de la cloche.
Un accord passé le 27 janvier 1664 devant le notaire de Vergèze permit au fondeur Germain Daignac d’être enfin payé pour ces travaux.
En 1685, le pouvoir royal, fit agrandir l’église qui passa de 24 à 108 m2, mais toujours avec la même cloche.
Une fin de carrière chaotique
Après la tourmente révolutionnaire et le rétablissement des cultes, les autorités décidèrent, en 1804, que l’église de Codognan serait attribuée aux protestants, largement majoritaires dans la commune et que les catholiques seraient rattachés à l’église de Vergèze.
En 1854, lors de la démolition du bâtiment devenu vétuste et remplacé par le nouveau temple, un choc accidentel endommagea la cloche, la rendant muette à tout jamais.
Elle fut alors rangée et presque oubliée au fond d’une remise et y demeura plus d’un siècle avant d’être sauvée de justesse de la mise à la ferraille dans les années 1980.
Une retraite républicaine
Ce témoin de la vie et des anciennes rivalités du village a aujourd’hui trouvé une place symbolique dans un lieu neutre et ouvert à tous : le hall d’entrée de la mairie