Les Baraques et le Grand Chemin
La plupart des automobilistes qui circulent sur la RN 113 à la sortie de Codognan, côté Lunel, ne se doutent pas qu’ils roulent sur un viaduc de plus de 200 mètres bâti sur des dizaines d’arches invisibles depuis la route.
La construction de cette chaussée date des années 1670 lorsque Louis XIV ordonna de retracer et de surélever le vieux Chemin de Montpellier à Nismes alors difficilement praticable entre le Vidourle et le Rhôny, zone sans relief sujette aux ruissellements des collines.
Cette Route Royale n’a jamais été désignée sous ce nom par les Languedociens qui l’appelaient Grand Chemin pour le différencier du Vieux Chemin qu’il avait remplacé.
Juste avant d’aborder le territoire de Codognan le Chemin s’infléchissait vers le sud de la RN 113 où il traversait à gué les bras secondaires du Rhôny puis franchissait le bras principal sur le Pont d’Aussel (Pont d’Oiseau) dont le nom trahissait la fragilité, avant de remonter vers la Baraque Vieille implantée au croisement du chemin d’Aimargues.
Le mot Baraque désignait une auberge isolée en bord de route. Dans le Gard, une vingtaine de lieux-dits portent encore ce nom, souvent associé au village le plus proche.
Vers 1700, avec l’accroissement du trafic, une deuxième au- berge, la Baraque Neuve est construite un peu plus loin, au croisement du chemin de Candiac (la rue Montcalm).
Ces auberges étaient surtout fréquentées par les conducteurs d’attelages qui s’y restauraient et faisaient boire et manger leurs chevaux. La Baraque Vieille était encore en service au début des années 1900. Elle était alors connue sous le nom d’affenage – auberge Gaussen.
L’ex Baraque Neuve abrite toujours un restaurant. D’autres activités liées au trafic s’installèrent peu à peu, comme des bourreliers et des charrons, idéalement placés en cas d’avaries aux charrettes ou aux harnachements, mais c’est surtout la célèbre fabrique de foudres Dupuy qui marquera l’activité des Baraques de Codognan.